Ça faisait un bout de temps que ça me titillait, presque depuis que je m'appelle madame de Keravel, un bail quoi ! Donc j'ai fini par m'inscrire à un cours de breton. Le breton est une langue vraiment étrange ! Je t'ai déjà parlé des pluriels à s'arracher les cheveux. Mais j'ai appris bien d'autres choses étonnantes.
Par exemple, les nombres sont invariables, sauf deux, trois et quatre qui ont un masculin et un féminin. C'est pas une preuve que le breton est polygame ça ? Ben si, ils ne peuvent pas envisager une femme, mais seulement deux, trois ou quatre !
Autre extravagance : il n'y a qu'un seul nom pour désigner les couleurs bleue et verte, sauf le vert artificiel. Par exemple, la mer et l'herbe sont "glas" mais mon pull vert est "gwer". Donc le breton est daltonien, c'est clair !
J'aurais pu aussi vous dire que le breton est poète, lui qui nomme le mois de septembre "mois de la paille blanche" (gwengolo), le mois de novembre "mois noir" (miz du) et le mois de décembre "mois encore plus noir" (miz kerzu) (le "du" qui se transforme en "zu" ça c'est une mutation, mais je t'explique pas tout aujourd'hui, je sens que tu as déjà mal à la tête).
J'aurais pu vous dire encore que le breton est subtil, puisqu'il existe deux forme du verbe être, suivant que le qualificatif est une qualité intrinsèque de la personne (par exemple : je suis madame de Keravel = Itron Keravel on) ou une qualité partagée (par exemple : je suis belle = me zo glav) (exemple choisi au hasard).
Bref, je n'ai pas fini de faire le tour du breton (ni du breton d'ailleurs) (comprenne qui pourra).