jeudi 30 août 2012

où madame de K donne des leçons d'écriture à Chateaubriand

Tu crois qu'elle oserait ?!... voyons cela de plus près

Je n'ai pas fait de grandes études littéraires (grandes si, mais littéraires non), mais je crois me rappeler que la concordance des temps est le B-A-BA de l'écriture,
non ?

Je tombe sur un petit livre de Chateaubriand intitulé Le dernier Abencerage. Je le lis (oui, je sais, y a des trucs plus folichons à faire dans la vie, mais je n'avais jamais rien lu de Chateaubriand, et il fallait bien satisfaire ma curiosité). Au cours de ma lecture, je trébuche plusieurs fois sur des paragraphes mêlant passé et présent. Désagréable ! Je me demande si à l'époque c'était moins strict que maintenant, ou si Chateaubriand à écrit cette nouvelle alors qu'il avait 12 ans, ou si c'est tout simplement un mauvais écrivain ? mais là, je sens que j'iconoclastise...

Je te donne une preuve quand même : 
Ils sortent (présent) ; ils arrivent (présent) à un cimetière qui fut jadis celui des Maures. On voyait (passé) encore çà et là de petites colonnes funèbres autour desquelles le sculpteur figura jadis un turban, mais les chrétiens avaient depuis remplacé ce turban par une croix. Aben-Hamet conduisit (passé) Blanca au pied de ces colonnes.

Quelque temps plus tard (un certain temps comme dirait Fernand Reynaud), je prends un livre de Marie Ndiaye à la bibli (peut-être attirée par la couleur bonbon de la couverture). Et sur quoi tombé-je ? Je te le donne Émile : la même chose !

La preuve :
Je suis tellement remuée que c'est à peine si je prête attention à Cristina qui traverse la rue, dans son mini-short rose, de sa démarche dansante. Elle m'embrassa deux fois sur chaque joue et je sentis son odeur de fleur.

Là, ce n'est pas un archaïsme ou une maladresse je pense. Ce doit être volontaire. Et pour cette raison (et d'autres) je crois que je ne vais pas finir ce livre... Pourtant j'ai lu des choses d'elle que j'ai aimées (remember ?)

Ça me rappelle ce livre de JMG Le Clézio (ça devait être Mondo) que je n'ai jamais pu finir car il employait l'imparfait au lieu du passé simple et que ça perturbait ma compréhension du récit.

Ben moi j'aime pas qu'on déforme ou torture la langue pour faire genre (comme dirait mademoiselle de K N°2). Si un fin lettré passe par ici et veut bien m'expliquer l'intérêt de ce genre de pirouette, je suis preneur (preneure) (preneuse) (prenatrice).

23 commentaires:

  1. Le chateaubriand c'est plsu digeste dans une assiette et saignant ;-) Et c'est une ancienne étudiante en lettres qui le dit, mais bon, ça ne veut rien dire, je me suis employée à ne pas me contraindre à apprécier ce qui parait-il fait les belles lettres. Proust me sert de cale dans l'atelier !!

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  2. J'avais lu ton texte et me plaira de te dire que je l'aimerai au conditionnel.
    ça n'engagera que moi dans le passé.

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  3. Oui, mais c'est ça aussi quand on est impressionnable, on se laisse perturber, on est chamboulée ( alors là vois-tu en dépit du "on", je mets le féminin, car tout le monde sait que le "on" c'est toi ) par le temps. Tu es trop sensible, ma petite biche. :)

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  4. Tu es pourtant bien placée pour savoir que le triangle Plancoët - St Malo - Combourg est parfaitement hors du temps, ce qui permet de l'utiliser sous toutes ses formes !

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  5. Ah ! c'est ma première visite sur "de plus près" ! Quelle présentation, cette image alchimique, ce ton ! et vous vous attaquez à du gros ! Certains écrivains étaient (sont) des cancres et ça ne vous a pas échappé. Je propose qu'on leur fasse rembourser leur place à l'académie française. (ils n'y sont pas ? Ah ! fort bien).
    Qu'à cela ne tienne : Appelons leurs éditeurs !

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  6. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  7. "Sont odeur de fleur", là, t'es pas perturbée. Parce que moi, si, rassure-moi, t'as fait une coquille en recopiant. :D

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  8. Sandrine >> arrêêête j'ai faim !

    Luc >> passe me voir pour des petits cours de conjugaison

    Berthoise >> trop sensible, c'est ça :-)

    Dom A. >> hors du temps, peut-être, mais c'est indicatif seulement alors !

    Thaddée >> on voit que tu es revenue de vacances, tu es partout ! ;-)

    Berthoise bis >> ouh la ! je corrige !

    Blousse >> bienvenue dans mon nouveau chez moi !

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  9. ça me choque moins chez Chateaubriand (sur lequel je suis tombée au bac français -- il s'en est remis) -- que chez Marie Ndyae dont j'ai lu un très bon livre récemment. Je ne me souviens plus du titre.
    Très bien, Madame, j'aime tes travaux de recherche.

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  10. Ah, mes élèves s'inspireraient donc de Chateaubriand pour leurs productions écrites... :D J'en tiendrai compte lors de mes corrections de l'année qui arrive... eh eh.

    :p


    Moi aussi, je te rassure, ça me tire l’œil (et la conscience syntaxique) ce genre de "pirouette"... Mais c'est probablement parce que je suis scientifique, je n'y connais absolument rien en "bonne" littérature !
    ;-)

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  11. Les auteurs se mélangent un peu entre le présent intemporel et le présent de l'indicatif. moi-même je ne suis pas toujours très sûre. Quoi je ne suis pas une auteure ? Ah mais si, mais personne ne le sait.

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  12. pas facile de mettre un comm chez toi .une fois écrit, si on a oublié de choisir son "compte" il s'efface et tout est à recommencer GRRR!
    donc je disais que les fautes de grammaire me hérissent dans un bouquin même si personne n'est à l'abri. je n'ai jamais lu Chateaubriant et je ne crois pas que je prendrai le temps de le faire...

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  13. Ariana >> comment t'aurais déchiré au bac français si t'avais dit que Chateaubriand était nul en concordance des temps ;-)

    Miss Tortue >> t'as une conscience syntaxique toi !!!???

    Zoé >> présent intemporel, c'est le mot que je cherchais ! trop forte ! (tous les gens qui bloguent sont plus ou moins auteurs, non ?)

    Zigmund >> je crois que tu rates rien... ;-)

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  14. Je pense qu'il s'agit d'une provocation de la part de ces écrivains, uniquement motivée par l'espoir d'être cité dans ce merveilleux blog...

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  15. Mais, Mme de K, ce n'est pas parce qu'il y a du présent en début de texte qu'il doit y en avoir tout le temps; le mélange passé/présent est fréquent, même dans la vie de tous les jours, c'est ce qui donne du relief à la vie (entre autre).
    Dans la phrase de Chateaubriand, l'imparfait est utilisé comme temps de la description (les colonnes sont toujours là, elles ne disparaissent pas lorsque les protagonistes s'en vont... quoique, mais ça c'est une autre affaire). Quant à Aben-Hamet qui "conduisit" Blanca au pied des colonnes, et bien le passé simple indique le déroulement complet de l'action. Il l'amène là et voilà.
    Bien sûr, tout pourrait être au présent, mais je crois que le texte en perdrait de sa saveur. Cela dit, je n'ai jamais lu Chateaubriand et n'ai pas l'intention de m'y mettre dans un futur proche, ni même lointain
    Par contre, pour Marie Ndayé, c'est vrai que le présent serait plus juste.
    Voilà...

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  16. Ariana >> :-)

    DD >> hum hum... tu pousses le bouchon un peu loin Maurice !

    MarieNeige >> oui, mais il passe quand même de "ils sortent" (présent) à "il conduisit" (passé) deux phrase plus loin... aucune excuse pour François-René ;-)

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    1. Tu sais, Mme de K, l'emploi des temps n'est pas aussi strict que ça... le "passé" n'est pas toujours employé pour parler du passé, ni le "présent" pour le présent... trop long à expliquer, mais tu peux me croire sur parole!!!

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  17. Une pirouette, ça sert à faire un tour sur soi-même !! :-)

    ( Petite coquille : 'Quelque temps' pas de 's' à 'quelque' ;-) )

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  18. Hum ! Nous aurons, je l'espère l'occasion de parler de ces deux passages ou, plus généralement, de la grammaire et de l'écriture.

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