vendredi 23 novembre 2012

mail-art again

Un bonheur n'arrivant jamais seul, figure-toi que j'ai à nouveau reçu une oeuvre d'art dans ma boîte aux lettres. Elle vient d'Allemagne, d'une bloguine, Marie, qui fait partie de ces personnes que je n'ai jamais rencontrées, mais dont je me sens proche, comme si elle était une ancienne copine d'école. C'est drôle hein ?


Et puisque qui ne dit mot consent, je te fais profiter du petit texte émouvant qu'elle m'a envoyé. Ça parle d'un amour impossible, comme on aimerait ne jamais en connaître, comme on rêverait d'en connaître, entre les deux mon coeur balance. Elle me l'a mis en français et en allemand, mais je ne suis pas sûre de savoir recopier la version allemande sans fautes...

Vingt-quatre ans et quelques jours...

Je te regarde encore et encore. Il faut que je te regarde, que je touche ton image qui me retient captive, que j'en dessine les contours, que je devine cet instant. Et je veux briser cet accord silencieux, ce pacte sans mots, je veux que tu me dises la mer que tu as traversée sans moi toutes ces années, comment tu as effacé mes yeux des tiens, fait deuil de ma peau que tu n'as pas osé toucher, rangé cet amour à force de raison,

renoncé à nous.
Marie

samedi 17 novembre 2012

mail-art

Oui, je sais ce que tu vas me dire : je te néglige lecteur chéri... Mais tu sais ce que c'est, les vacances, la reprise, toussa... L'essentiel étant que je suis revenue, pas vrai ?

Je reviens d'abord pour vous montrer une oeuvre d'art reçue de Miss Tortue suite à mon appel désespéré (y a que Sandrine qui avait eu pitié de moi) :


Miss Tortue aime la salade, et la verdure en général, normal pour une tortue.

Deux ou trois choses avant de filer me préparer un thé-citron :

♂ Monsieur de K voulait entreposer une armoire démontée dans le salon pour que son atelier soit mieux rangé. J'ai dit non.

♀ Entendu à la radio : "Frigide Barjot milite contre le mariage gay". C'est du lard ? du cochon ? un hoax ? une blague ? du 2e degré ? une opération diversion lancée par le front GLTB ? je m'interroge...

☼ On va p'tet redéménager... Un appart dans le même immeuble mais orienté sud, et avec davantage de placards. J'te raconterai plus tard.



jeudi 8 novembre 2012

Tlalocantecuhtli *

Après un épisode douloureux durant lequel monsieur de K a passé 48 heures à plat ventre à vider avec un saladier le ballon d'eau chaude de 200 litres et 48 autres heures à installer un nouveau ballon d'eau chaude, après donc 4 jours de toilette de chat (comme dirait maman de K) à l'eau froide, je sais maintenant que l'eau chaude c'est précieux, et je prierai tous les matins Tlaloc (* je préfère l'appeler par son petit nom), dieu aztèque de la pluie, de bien vouloir faire pleuvoir de l'eau chaude dans ma salle de bains. 
(si tu es arrivé à lire cette phrase jusqu'au bout sans reprendre ton souffle, tu as gagné un tour gratuit)

mardi 6 novembre 2012

iconoclastie


Quand je méditais sur les images de Dominique Autrou pour les vases communicants, j'ai proposé deux textes à Dominique, il en a choisi un, et comme je n'aime pas gâcher, le deuxième je le publie chez moi aujourd'hui. Tu n'es pas effrayé par la poésie j'espère ?


   

Je t’ai mise au centre de ma vie, ô mon aimée,
Et tu n’as de cesse que de t’échapper aux confins extérieurs de ma vision.
Tu fuis la crypte secrète du creux de mes bras,
Toute parfumée des cônes d’encens qui y brûlent pour toi.
Tu fuis mon amour précieux comme un rayon de soleil rubis
Passant au travers d’une rosace gothique.
Tu fuis pour aller t’agenouiller au pied de quelle idole païenne ?
Une idole de bois brut qui laissera des échardes dans ton tendre cœur de vierge.
Tu fuis l’essentiel, l’alpha et l’oméga, tu me fuis, moi qui t’adore,
Et tu me crucifies !

vendredi 2 novembre 2012

Vases communicants

Il est une tradition le premier vendredi de chaque mois dans la blogosphère huppée : les Vases Communicants. Monsieur Dominique Autrou m’a fait l’honneur de me demander non pas ma main, mais la permission de vasecommuniquer avec moi. Nous avons échangé non pas des anneaux mais des photographies (moi j’ai puisé sans vergogne dans les carnets de monsieur de K) avec pour consigne d’écrire ce que nous inspirent les photos de l’autre. J’affiche ici la production de Dominique, la mienne est affichée chez lui. Et tous les vases communicants de novembre sont affichés .


La trace 
— C’est pas possible… Mais ce n’est pas possible… Qu’est-ce que c’est encore que ce b… se lamentait le capitaine du vraquier Miserere Nobis après que son mécanicien se fut plaint d’une avarie près de l’arbre de transmission. Adam E. (dit «le canif»), qui avait fini par trouver place au milieu de l’équipage (entièrement masculin) faute de main d’œuvre, ne fut pas surpris par cette nouvelle péripétie qui s’ajoutait à une liste déjà longue de contretemps ayant pour origine une erreur humaine. Dès la sortie du port du Havre, le pilote — un Breton daltonien (de type III, également) mais là n’est pas la question car la couleur n’est pas seule pertinente pour distinguer les bouées — avait confondu bâbord et tribord en raison d’une alcoolisation excessive et cela avait eu pour conséquences un coup de gueule, un coup de barre, une explication entre hommes et un petit vomi.


On décide de faire escale à Brest. On trouvera bien ici un réparateur, sinon où s’adresser, je vous le demande… Cela fait plaisir de revoir Brest et il serait sympathique, aussi, de se poser un peu. Peut-être qu’après tout ce temps on finit par passer inaperçu ? (Que le lecteur, ici, ne soit pas troublé ; avec son bon œil il — elle, si c’est une lectrice — aura relevé, ou relèvera plus bas un étrange anachronisme. Ce n’est pas grave. L’auteur du texte se permet une petite licence, voilà tout). Par ailleurs, la proximité des mots « Breton » et « alcoolique » est une coïncidence. Et l’emploi du terme « licence », affublé ou non d’un numéro, n’a rien à voir là-dedans.


Et le port de Brest a considérablement changé depuis la dernière fois que nous l’avons vu. La construction d’une centrale nucléaire près du centre-ville n’est pas pour rien dans cette appréciation ; la récente autonomie de la Bretagne, acquise après bien des luttes (du moins officiellement, la réalité étant que, devenue peu rentable, le pouvoir central a décidé de s’en séparer) cette autonomie exigeait qu’on s’exonérât définitivement des importations depuis la France voisine (et amie, n’exagérons rien). Les anciens avaient râlé un peu, ceux qui s’étaient battus à Plogoff, puis s’étaient tus faute de combattants. Le temps est au réalisme politique, plus question de jouer les héros vaguement poètes, bardes et autres korrigans folkloriques, qui n’intéressent plus personne, oh non, personne, à part des gens comme Adam E. (dit «le canif»).


Quoi qu’il en fût, Adam E. (dit «le canif») est un repris de justice au dessus la tête duquel un mandat d’arrêt international reste en équilibre. Pas question de mollir, donc. Il se demande comment vais-je bien pouvoir rejoindre Quimper, puisque la marine me lâche autant en profiter pour se refaire une conduite (une santé, on n’ira pas jusque là ; le mot est gênant) dans le pays de mes origines où, paradoxalement, je ne suis pas plus connu que cela. D’ailleurs mes souvenirs sont plutôt mous, tiens, le pont Albert Louppe a été doublé… Compte tenu de la densité de la circulation ce n’est pas plus mal. Surtout avec ce véhicule qui permettra de passer inaperçu mais quand même, quand même, c’est du lourd.


Il passe à Coataudon devant les terres de ses ancêtres, honteusement spoliés par un magasin Ikea. Il faudra se plaindre auprès du géant suédois en temps utile mais ce n’est vraiment pas le moment. D’ailleurs où sont passés les titres de propriété ? Filer le long de l’ancienne route, celle qui passe par Châteaulin (la buvette auprès de l’arrivée du criterium cycliste est devenue un bar gay au nom en rapport avec l’appareil moteur du vélo, on appréciera l’humour au passage, passage effectué au reste à l’envers du parcours). Auparavant il aura failli s’arrêter devant une autre maison familiale au Faou, 1 route de Châteaulin, 1. L’ancienne poste, en face de l’ancienne gendarmerie. Téléphone 3 01 (02 étant celui de ladite gendarmerie et 03 celui du docteur Boënnec)…

Mais quel délétère accès de sensiblerie ! On aurait peut-être mieux fait de prendre la quatre voies, finalement.

Ah ! Voici Quimper, enfin. On va se garer, près de la gare, avenue de la Libération, dans un souci de sustentation. Penser à aller jusqu’au cimetière, ensuite. Espérons que les concessions ne sont pas arrivées à échéance. Après cela on pourrait essayer de trouver une location, vers Ker Goat al Lez ?

Mais… Mais… Mais mais mais… Bon sang ! Max !


Il m’aura suivi jusqu’ici, avec la came ! Enfer et damnation…

texte : Dominique Autrou
crédit photo : monsieur de K