vendredi 22 février 2013

Brest même

Ma kopine C. m'envoie un lien sympa : la France des écrivains, carte collaborative. Moi, forcément, ça me botte, et je cherche des textes sur la Bretagne pour enrichir la carte. Là, je me rappelle que monsieur de K quand il était petit habitait rue Émile Souvestre, et il y a une rue de même nom à Rennes, ce bonhomme a donc sûrement écrit des pages d'anthologie. Donc me voilà partie fouiller dans les Wikisource et autres G*oglebooks (parce que, bien sûr, je n'ai jamais rien lu de cet écrivain du 19e). Et là je tombe sur un truc pas piqué des hannetons !


Si vous passez jamais, le soir, dans la belle rue de la Mairie, à Brest, quand vous serez vis-à-vis cette bizarre façade où le pinceau du décorateur a figuré, sur une vaste devanture de tapissier, les marqueteries brodées d’arabesques de la renaissance, arrêtez-vous, et vous aidant de quelques charrettes déposées en face du beau magasin, hissez-vous jusqu’au sommet du petit mur qui domine le Pont de Terre, et alors regardez dessous.
À cinquante pieds plus bas, vous apercevrez, à travers un voile de vapeurs puantes, une sorte de cloaque au milieu duquel se groupent quelques maisons croulantes, auxquelles on arrive par une rampe fangeuse et sans pavés. De là sortent incessamment je ne sais quels miasmes horribles qui sentent le vice et la pauvreté, et s’élèvent, chaque nuit, des cris d’orgie ou de lutte, des bruits de pleurs ou de prière ; d’étranges soupirs que l’on a peine à reconnaître, et que l’on peut prendre également ou pour le sourd gémissement d’un plaisir farouche, ou pour le râle d’un assassiné.

Ce quartier s’appelle le Pont de Terre. C’est là que le matelot, féroce des ses désirs comprimés pendant une longue campagne, vient rugir ses amours et se rouler dans le vin avec une femme louée à l’heure.

Émile Souvestre – L’échelle des femmes - 1857


Mais bon... je n'ai pas osé envoyer ça pour "la France des écrivains", j'ai choisi deux autres textes moins "typiques" ( et ).

jeudi 21 février 2013

hommage


Une pensée pour Pluplu, alias Depluloin, alias Dominique Chaussois
Qui va être mis dessous la terre aujourd'hui

C'est un peu en hommage que le titre de ce blog est l'envers de son pseudo

Aujourd'hui Dominique nous fait pleurer, mais Pluplu nous fera toujours rire
Pluplu était un satellite de la blogosphère et il s'est tout d'un coup retrouvé au centre
Dominique était un prince déchu flamboyant
Fichu schizophrénie bloguienne !

mardi 19 février 2013

coming out

Tais-toi ! j'suis toute véner !...


Du coup j'ai pas corrigé beaucoup de copies ce matin...

samedi 9 février 2013

Virages



Au rythme de cette route en lacets qui me ramène chez moi, je pense à toi ; toi que je viens de quitter, les larmes au bord du cœur.
Un virage à gauche.
Tu nous as consacré ta vie, et moi je ne te consacre qu’une demi-heure par semaine au téléphone.
Un virage à droite.
Nous avons insisté pour que tu t’exiles dans cette maison pour personnes âgées arguant que tu y serais mieux, en sécurité, entourée. Était-ce un prétexte ou une bonne raison ?
Un virage à gauche. Les courbes bleues des collines au loin s’estompent en s’éloignant vers l’horizon.
Je me rappelle avec une netteté incroyable de cette fois (sans doute la première) où tu nous avais emmenés au Mint museum à Charlotte. Tu nous avais fait rester des heures (ou ce qui m’avait semblé des heures, à la mesure de mon temps de petite fille) devant une peinture de la renaissance italienne en nous expliquant le sfumato
Un virage à droite.
Pourquoi a-t-il fallu qu’après avoir tergiversé des semaines sur le fait de savoir si oui ou non tu allais accepter notre proposition (qui pour nous était plutôt un ultimatum que nous avions su enrober de belles paroles) tu choisisses cette maison dans les Blue Ridge Mountains ? Tu sais pourtant que j’ai horreur de la montagne ! Être entourée par des sommets m’oppresse. Je ne respire que devant l’immensité de l’océan que je vois de mes fenêtres à Wilminton. 
Un virage à gauche. Le bleu des collines ne fait pas illusion. Je redescends vers la mer, mais il me reste plusieurs heures de route.
Un virage à gauche.
Je sais que dans quelques semaines je serai de nouveau engluée dans un débat intérieur, un petit ange sur mon épaule gauche me serinant que je devrais avoir mauvaise conscience pour n’avoir pas été rendre visite à ma mère depuis plus d’un mois, et un diable sur mon épaule droite me susurrant que je peux bien surseoir et me rappelant combien ces visites m’attristent, et même me dépriment.
Maman je t’aime, mais tu me…

Un textounet écrit pour l’Écritoire de Lise - Peinture : Blue Ridge Mountains par Charles Sheeler, 1937.

dimanche 3 février 2013

Esprit

« Le brillant de votre esprit donne un si grand éclat à votre teint et à vos yeux que, quoiqu'il semble que l'esprit ne dût toucher que les oreilles, il est pourtant certain que le vôtre éblouit les yeux. »

De qui parle-t-on dans cet extrait ? 

Si tu réponds « Mme de K » tu es un vil flatteur mais tu as gagné un bisou.

Si tu réponds Mme de Sévigné, portrait écrit par Mme de La Fayette sous un pseudonyme masculin, tu as gagné une couronne de lauriers !

Mais la confusion était possible... d'autant que Mme de Sévigné et moi sommes presque voisines, savais-tu ? Son château des Rochers est près de Vitré, en Ille-et-Vilaine.


Très belle ville Vitré ! je t'en ai parlé il y a longtemps (2006 ! ça nous rajeunit pas !...)